L’addiction est une maladie, tout le monde en convient,
Tout le monde accepte le profil du dépendant qui passe d’une addiction a une autre plus acceptable, plus bienveillante socialement et physiquement…pour s’en sortir.
Celui qui devient plus exigeant ou plus agressif vis-à-vis de son interdit,
ou celui qui parle de sa « Délivrance » et en fait une mission
ou celui qui aura toujours besoin de cette réunion AA, par ci, par là pour tenir.
Mais, dans cette fragilité de la résilience, qu’en est-il de l’accompagnant ?
De ce membre de la famille, de l’entourage proche, de celui que tout le monde oublie et qui subit, année après années, mois après mois et jours après jours, les fausses promesses, les faux semblants et les fausses excuses.
De celui qui « comprend » que les …. CIRCONSTANCES… ont pu créer un déséquilibre … qui va bien sûr être PONCTUEL et qui fait semblant de croire et d’adhérer pour ne pas s’attirer les foudres et la violence prête à ressurgir dès la descente du produit,
De celui qui dans son amour inconditionnel sera là à mourir ses envies, à consumer ses passions dans l’égocentrisme de ce potentiel patient en redevenir ?
De celui qui l’aide à ne pas retomber trop bas, à ne pas appeler RECHUTE… le premier joint, la première dose, le premier verre…puisque c’est juste un aparté circonstanciel que l’addict sait et va pouvoir gérer…
Quid de sa dignité, de son mental, de sa frustration, de sa perte de confiance, de son désabusement, de sa fierté, de son énergie dispersée, de sa désespérance ?
Quid de ses efforts, de sa complicité, de son amour bafoué d’un revers de joint ou dans les brumes d’un fond de bouteille ?
Quid de ce mensonge qui fait d’eux des autres FORTS et DIFFERENTS, capable de surmonter sans faille ces éternels petits coups de canifs dans le contrat, et de redonner cette main apaisante et rassurante pour ré-essayer l’abstinence pérenne ?
Dans l’addiction assumée, l’entourage est pris en compte, compris, aidé psychologiquement dans ses fractures et renoncements,
Mais dans ces petits dénis, ces mal-êtres furtifs, ces autres FORTS et DIFFERENTS se fissurent et se rapetissent, se délitent et s’oublient, s’effacent et s’évaporent inutilement.
Dans ce contexte, dans cette hésitation de la rechute, l’addict est le héros malade et malheureux qui crée encore l’illusion de son abstinence et fait la fierté des personnes qui le croient encore sobre,
Et inocule pourtant avec conscience à celui ou celle qui l’accompagne, le poison insidieux de l’inconséquence et du doute dont les répercussions seront sournoises.